L'INTERVIEW |
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Saison 2012/2013 |
- Denis Lathoud : « On est dans le vrai » -
Troisième au terme de la phase aller, le Dijon BHB est complètement dans ses objectifs de début de saison. Le
point avec son entraîneur Denis Lathoud.
Denis, avec un groupe renouvelé à près de 70 % à l’intersaison, aviez-vous quelques inquiétudes quant au déroulement
de cette saison ?
- « Non, je n’étais pas inquiet parce qu’il y avait dans cette équipe des joueurs de qualité qui sont arrivés et je
savais où je voulais aller. La seule inquiétude était le nombre de joueurs que l’on avait et avec beaucoup
d’étrangers, on savait que cela allait prendre du temps, et malheureusement dans le sport de haut niveau, on n’a pas
de temps. »
Avoir pris le risque de miser sur le qualitatif plus que sur le quantitatif, vous donne finalement raison
aujourd’hui…
- « On est dans le vrai. Après on a prié pour ne pas avoir de blessés, même si on en a eu quelques-uns. La
problématique n’est pas le jour du match mais plutôt pendant la semaine d’entraînement. Dès qu’on a des absents, on
n’est jamais dans la réalité du match. »
Comment jugez-vous cette phase aller du DBHB ?
- « On a donc été durant cette première partie de championnat sur le fil du rasoir avant que le jeu se mette en
place. On s’en est plutôt bien sorti par rapport à ce qu’on a produit et par rapport aux résultats. On a eu un petit
creux contre Gonfreville et Istres. On perd trois points à domicile et avec ces trois points, aujourd’hui nous
serions premiers. Ce sont les seuls regrets de cette phase aller. On est toujours en course pour la première place
même si Nîmes a calendrier plus favorable. »
Nîmes est-il toujours le favori pour la montée ?
- « Les Nîmois l’étaient en début de saison. Ils sont premiers, même si on les a battus. Ils restent les grands
favoris. »
La D2 semble s’être encore densifiée cette saison ?
- « J’avais dit avant le début de la saison que le championnat n’avait jamais été aussi homogène. Il y avait un
favori Nîmes et un candidat à la descente Gonfreville, le reste est d’une densité extraordinaire. On l’a d’ailleurs
vu avec les résultats de cette demi-saison. »
L’une des caractéristiques de votre équipe est qu’elle défende extrêmement bien…
- « Pour un entraîneur qui n’a jamais défendu de toute sa carrière... (rires) On a recruté de la densité au niveau
défensif. Avec de nouveaux joueurs, on allait mettre un peu de temps à mettre en place notre attaque. Si on n’avait
pas de défense solide, on ne serait pas au rendez-vous. Une optique qui nous donne raison aujourd’hui puisqu’on a
trouvé notre plénitude offensive depuis trois matches parce que les affinités se sont créées. »
« Les joueurs ont franchi un palier »
Individuellement qu’elles sont les bonnes satisfactions de cette demi-saison ?
- « Stojinovic d’abord dans les buts, il fait une saison très très bonne saison. Redei donne aujourd’hui la plénitude
de son potentiel et on le verra encore meilleur dans la deuxième partie de saison. Parent a alterné le bon et le
moins bon, comme Naudin, mais ce dernier commence à trouver ses marques. On a eu un très bon Kiour, qui a été le
meilleur joueur sur tout le début de saison. Rac devrait s’affirmer encore plus. Nos deux pivots (Poletti et
Portefaix) ont tenu la baraque en défense. Bezzera et Bogunovic qui ont loupé la préparation (blessés) seront nos
recrues pour la phase retour. »
En tant qu’entraîneur, l’objectif reste la première place de D2 ?
- « Ce n’est pas uniquement Denis Lathoud, les joueurs aussi ont envie d’aller chercher cette première place. Ils
ont pris conscience de la valeur collective de l’équipe et du mode de fonctionnement pour y arriver. Ils ont
franchi un palier. »
Vous semblez avoir retrouvé du peps cette saison ?
- « Je suis à bloc, je n’ai qu’une envie, c’est de retrouver la D1. Et puis on a Thierry Desserey (le président) qui
se bouge comme pas deux. On ne peut le remercier qu’en gagnant des matches. »
- Denis Lathoud : « Bonjour, merci, au revoir » -
Le coach du DBHB, champion du monde et médaillé de bronze aux JO de Barcelone, Denis Lathoud, réagit sur l’actualité régionale et
nationale.
Denis, après la déception de Gonfreville, vos troupes ont fait preuve d’une belle force de caractère...Denis Lathoud :
- « On a été propre. Les joueurs ont compris où je voulais les emmener. Face à Gonfreville, heureusement que le ridicule ne tue pas, sinon,
on ne serait plus là… En revanche, vendredi, dans un contexte hostile, on était en plus mené 17-14, les joueurs ont montré leur envie de
gagner. C’est leur victoire. Maintenant, est-on capable de répéter ce genre de match ? »
Dans ces moments-là, on est fier de ses troupes et d’être entraîneur d’autant qu’il s’agit de la seule victoire dijonnaise du week-end...
- « Le boulot de coach est hyper frustrant. Parfois, sur ton banc tu deviens fou. Tu travailles toute la semaine pour appliquer certaines
choses et lors du match tu te demandes pourquoi tes joueurs ne l’appliquent pas. Là, tout s’est bien passé, c’est agréable. »
Défaite contre la Belgique
Ces hauts et ces bas de votre formation ne sont-ils pas tout simplement un mal très français ?
- « C’est exactement ça. Je rappelle que moi, champion du monde, j’ai perdu contre l’équipe de Belgique. J’adore les Belges, ce n’est le
problème mais bon… C’est comme la France en foot en Espagne. Elle devait se faire manger tout cru puis au pied du mur, elle n’a jamais été
aussi forte. Mais, mieux vaut être Français que Grec ! Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’on est le pays le plus visité d’Europe.
En 1986, je suis allé en Pologne. J’ai vu 300 personnes faire la queue sur un trottoir pour un bout de pain. On est bien ici. »
Globalement, que retenez-vous de ces jours-ci ? Paris est-il magique ?
- « On se fout que ce soit des investisseurs qataris, russes… Ça fait 15 ans que l’on dit que le championnat est joué d’avance avec
Montpellier. Il y a une concurrence. Par contre, il ne faut pas que Gardent nous la raconte à l’envers. Un club a 14 joueurs pros plus 3
espoirs. A Paris, il en a 21. S’il a trois malades, trois blessés et trois disparus, il a encore une équipe très compétitive. »
C’est toute la D1 qui en bénéficie…
- « Il n’y a jamais eu autant de partenaires, de spectateurs et le championnat n’a jamais été aussi relevé. On est passé devant le basket,
ce n’est pas rien. Le hand est un sport magnifique. Ça vit tout le temps. »
« Le monde pro, c’est du business »
Dijon a-t-il sa place dans cette élite ?
- « On n’est pas invité. Aujourd’hui, le monde pro, c’est du business. Si tu as 3 M€, tu vas peut-être jouer l’Europe, avec 2, tu vas
peut-être te maintenir et tu joues ta vie tous les week-ends. Il n’y a plus cette valeur du maillot. »
Vous le regrettez ?
- « C’est aussi à nous de faire respecter ces valeurs de respect, combat, amitié… Bonjour, merci, au revoir ! En 1992, j’ai été champion
avec Vénissieux, on avait un budget d’1M€ avec deux étrangers et deux joueurs hors région lyonnaise. Sans les soucis du club, je ne serais
jamais parti. L’arrêt Bosman a ôté de l’identité, c’est un peu dommage. »
Et Montpellier ?
- « Ils se sont vus intouchables. Le club paie la connerie. Je le plains et non les joueurs. Ils avaient essayé de monter une équipe pour
gagner la coupe d’Europe puisque les titres nationaux, ils en ont tout autour du ventre. C’est devenu compliqué. »
Karabatic est-il grillé en France ?
- « Si j’ai les moyens de prendre Karabatic, je le prends ! J’ai du mal à croire qu’un mec qui gagne 100 000 euros par mois aille en parier
1500. »
« J’ai assouvi mon fantasme »
- « Je suis rugbyman dans l’âme. Dans cette discipline, on ne s’échappe pas, on met la tête dans le gravier. Je me suis imprimé de l’état
d’esprit. J’ai assouvi mon fantasme avec Tangos XV à 42 ans en 3e-4e série ! Je n’ai pas loupé un entraînement. C’est ma carrière manquée.
J’ai appris des choses que je n’imaginais pas. J’ai halluciné en voyant des mecs jouer avec des côtes cassées. Un bandage et hop !
Mon pote, Vernoche ne pouvait pas descendre du bus. Il a joué 80 minutes. Aujourd’hui, quand un de mes joueurs vient me voir avec
un rhum et qu’il me dit qu’il ne peut pas s’entraîner, j’ai du mal… »