LA REVUE DE PRESSE
    Le Bien Public du 11-11-2010

    - André Sellenet, l’ancien capitaine du CSLD, est décédé. -

    Bien plus qu’un simple ancien handballeur, c’est une figure du sport dijonnais qui nous a quittés dans la nuit de mardi à mercredi, en la personne d’André Sellenet.

    Buts. André Sellenet a inscrit la bagatelle de 250 buts sous la tunique de l’équipe de France. Sélections. Le pivot dijonnais a totalisé la bagatelle de 101 sélections en équipe de France.
    « Vous devez rencontrer beaucoup de gens qui disent du bien de lui...»
    Traditionnellement, les hommages sont plutôt bienveillants, lorsqu’il s’agit d’évoquer la mémoire d’une personne qui vient de nous quitter. Pour le coup, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France championne du monde en 1995, Daniel Costantini, ancien adversaire et ami du joueur dijonnais, avait peu de chance de se tromper en nous adressant cette remarque au sujet d’André Sellenet, qui a succombé à une longue maladie dans la nuit de mardi à mercredi, après plusieurs jours de coma. Les avis sont effectivement unanimes sur l’homme : «sympathique», «populaire», «le chouchou du public dijonnais», «il avait toujours le sourire», «un combattant», « un rassembleur»... Parce que “Dédé”, c’était les copains, avec qui il n’hésitait pas à partir en vacances.
    Au-delà du handball
    Alors, après deux ans de lutte, lorsque tous ont appris que l’ancien capitaine du “Cercle” s’était éteint, à 70 ans, c’est une grande émotion qui a saisi toute la famille du handball dijonnais, au-delà des simples frontières régionales.
    Du handball, mais aussi de tout le sport dijonnais en général. Parce qu’avec cette disparition, presque huit ans après le décès de l’une des autres grandes figures du jeu à sept des années 60-70, Jean-Michel Geoffroy, c’est une page qui vient de se tourner. Celle du titre remporté un week-end de mai 1973 – le seul titre de champion de France remporté par une équipe de sport collectif au niveau élite jusqu’à aujourd’hui – , des tours de coupe d’Europe de l’autre côté du rideau de fer, des ambiances survoltées des soirs de match aux Poussots...
    A dix ans, le garçon des Bourroches, fils de cheminot, signait sa première licence, à l’USCD, le club de son quartier. Le battant qu’il était déjà ne tardait pas à se faire remarquer, d’abord pour rejoindre le CSLD, dès 1960, puis l’équipe de France, dont il porta le maillot dès 1961.
    Ce fut le début de la grande aventure, en Bleu jusqu’en 1972, et sous les couleurs dijonnaises, à qui il a toujours été fidèle malgré les appels du pied d’autres clubs plus “riches”, jusqu’en 1980, en tant que joueur.
    Une aventure avec un grand A d’ailleurs, parce que la part d’incertitude ne manquait jamais lorsqu’il s’agissait de se rendre jusqu’à Debrecen (Hongrie) en car.
    L’amateurisme aussi pouvait réserver ses surprises, comme lorsqu’André était mis à pied une quinzaine par son directeur à la SEITA, où il était rentré à 20 ans, parce que le Dijonnais était parti jouer à Lisbonne avec la sélection tricolore alors qu’il n’avait pas obtenu de congés...
    Comme son frère Bernard, le gardien, avec qui la complémentarité était devenue légendaire, André, le pivot, raccrochait son dernier maillot au printemps 1980, après une ultime affiche contre l’ASPTT Metz.
    Pour autant, il ne s’éloignait pas trop des terrains, puisqu’il prenait ensuite les rênes de la formation dijonnaise, au sein de laquelle évoluait Jean-Pierre Colinet, Thierry Jaffiol, Christian Roy, Bernard Morel...
    Le sens du service
    En 1983, c’est très naturellement que celui qui s’était toujours tourné vers les autres s’est engagé dans la vie de la cité, aux côtés de Robert Poujade et Bernard Depierre. Délégué aux sports, il fera partie de l’équipe municipale pendant trois mandats.
    Mais jusque dans ces dernières années, André Sellenet garda un œil particulier sur les prestations de ses jeunes héritiers, au Dijon Bourgogne Handball. Et c’est avec une vraie joie qu’il avait accueilli la montée du groupe de Denis Lathoud en D1. «Avec un noyau d’anciens, nous sommes heureux de voir l’équipe au plus niveau», avait-il souligné.
    Dans les travées du palais des Sports, où il se rendait encore parfois, il laisse un grand vide. Même si le nom du pivot qui fit lever les spectateurs des Poussots puis du palais, est désormais indissociable de l’histoire sportive de Dijon.

    - Un battant et un rassembleur -

    De ses anciens coéquipiers au président de la fédération française de handball, tous ont salué le joueur, mais aussi l’homme, qui faisait l’unanimité.
    Ils sont nombreux à avoir déjà réagi à la disparition de l’ancien joueur dijonnais. Sans doute, les réactions vont-elles se poursuivre jusqu’aux obsèques qui pourraient avoir lieu lundi.
    - Guy Bornot (ancien coéquipier) : « C’est une catastrophe. Nous perdons une grande âme, un grand sportif, qui a été un exemple pour les handballeurs de sa génération. Il a fait énormément pour le hand. Je me souviens que c’était lui qui accueillait les nouveaux. Grâce à son épouse, nous avons continué à nous retrouver.»
    - Jean-François Bourgeois (ancien coéquipier) : « Je suis atterré. Nous étions restés très proches. Nous savions qu’il était malade, mais nous ne pensions pas qu’il partirait si tôt. C’est le dernier tour qu’il nous joue. On perd un ami de longue date. Il était d’une générosité infinie. Ses amis pouvaient lui demander ce qu’ils voulaient.»
    - Christian Roy (ancien coéquipier et président du DBHB) : « Pour les Geoffroy, Tissot ou moi, c’était le “Papa”. Comme son frère, c’était nos idoles, nos modèles. En match comme à l’entraînement, il avait la même mentalité qu’un “Mathieu Lanfranchi”. La même hargne, le même investissement, la même volonté... Il ne lâchait jamais. C’était aussi un meneur d’hommes. En dehors du terrain, c’était un super copain.»
    - Bernard Morel (ancien du CSLD) : « C’était la figure emblématique du CSLD. A 13 ans, je me rappelle d’un CSLD-Metz. C’était un grand moment. Il a toujours voulu réussir. Il se dépensait pour améliorer les conditions. C’est une grande perte pour le handball. Ça va faire mal au cœur de ne plus le voir.»
    - Joël Delplanque (président de la FFHB) : « C’est toute une fédération qui est en deuil, avec cette disparition cruelle. D’un point de vue handballitisque, il a été le précurseur des grands pivots que l’on connaît aujourd’hui. C’était un combattant, mais qui faisait également preuve d’une grande technicité. On parle beaucoup du savoir-faire de la fédération, de transmission, de passage de relais… On vient de perdre un de ses maillons. La chaîne est un peu moins solide maintenant.»
    - Daniel Costantini (sélectionneur de l’équipe de France de 1985 à 2001) : « Je suis catastrophé. Nous avons joué l’un contre l’autre. C’était l’un des joueurs les plus séduisants, capable d’enflammer le public, en marquant beaucoup de buts. C’était un combattant. C’était aussi une véritable personnalité dijonnaise. Il était apprécié par tout le monde. Il était très spectaculaire, avec sa technique très élaborée. »
    - Robert Poujade (ancien maire de Dijon) : « Je suis très peiné. Il a été un remarquable délégué au sport, après avoir été un brillant sportif international. C’était quelqu’un d’extrêmement sympathique. C’était un ami plus qu’un collègue.»

    _______________________________Stéphan Letourneau:Le Bien Public______